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de Philippe
Parrot, avaleur d'idées, tricoteur de mots, agenceur de rimes, auteur du
poème contemporain 219, Instant magique,
mentionné dans Chronomeurtres et résumant
l’essence de l’intrigue policière :
«
Qu'en est-il au juste de la nature de
l'instant, ce Présent insaisissable et fugace qui, à peine surgi et vécu, a
déjà disparu ? » Serait-il « magique
» comme le laisserait supposer la fragrance d'un parfum de Guerlain ou, au
contraire, « mortifère » comme doit, hélas, le constater Norbert Dionne, chargé
d'enquêter sur une série de meurtres commis à Québec, la capitale de la
province canadienne du même nom ? Ou, autre option, un esprit illuminé
parviendrait-il à le rendre « immortel », en figeant son mouvement par un
procédé mécanique ? Voilà bel et bien la problématique centrale de ce polar
écrit par Michel Roberge.
Au fil de la
présentation des différents protagonistes, au fil des investigations du
policier comme des rebondissements de l'affaire, une « course contre la montre
» s'engage donc entre un serial killer « philosophe » et le chef de l'UCM
(Unité des Crimes Majeurs) qui, à quelques mois de son départ en retraite, veut
absolument arrêter le criminel pour finir en beauté sa carrière.
Tout en nous faisant
découvrir, au cours des pérégrinations des différents protagonistes, avec une
minutie très « horlogère », les rues, les avenues, les places, les bâtiments de
cette capitale que Michel Roberge aime manifestement, le lecteur prend plaisir
à suivre les pas de ce flic attachant lancé à la poursuite d'un tueur maniaque
de la rigueur et de la précision qui, désireux d'échapper aux affres du Présent
au profit des béatitudes de l'éternité, ne trouve pas d'autre moyen pour y
parvenir que de « suspendre » la vie d'autrui, convaincu que son mode
opératoire singulier et fulgurant procure félicité et paix. Comme en témoigne
d'ailleurs le sourire de ses victimes, a priori satisfaites de leur sort...
Suivant un rituel
précis qui, au vu de l'objet déposé sur la scène de crime, symbolise
parfaitement l'écoulement du Temps, le meurtrier ne cesse de narguer la police.
Néanmoins, épaulé par une équipe d'adjoints compétents et motivés — dont la «
sergente-détective » Marjolaine Bouchard, son efficace bras droit — Norbert
Dionne parviendra, au prix d'un cadavre inattendu sur les bras, à faire que
l'accès à cette « éternité » — octroyée à bon compte par la mort — cesse de
devoir être payée au prix fort par des innocents choisis au hasard.
De toute évidence,
tout lecteur interpellé par le Temps : son écoulement irréversible, sa fugacité
confondante, son insaisissabilité consubstantielle, doit lire ce livre.
Avec
mes salutations.
Philippe Parrot